Osez la collaboration avec des Start-up
Frédéric Lescure, CEO de Socomore
- Qu’est-ce que Socolabs ?
Depuis six ans, je développe une stratégie pour intégrer des start-up aux entreprises en général, et à la mienne en particulier. Il y a deux raisons à cette démarche : d’abord, j’ai été moi-même un entrepreneur en herbe et j’avais envie de renvoyer l’ascenseur en proposant un hébergement gratuit et tout équipé. La seule contrepartie, c’est de prendre le café ensemble avec les équipes de l’entreprise d’accueil. Ces échanges informels créent beaucoup de valeur et d’idées pour tous. C’est un outil très convivial pour rester alerte, oser prendre des risques et faire les choses différemment. Donc Socolabs, c’est l’endroit où les start-up seront hébergées chez Socomore. Mon ambition c’est de passer de 2 à 10 ou 15 start-up accueillies pour en faire un vrai contributeur à la stratégie.
- Quelle vision pour votre groupe sous-tend cette idée d’hébergement de start-up ?
Aujourd’hui, la création d’accélérateurs ou d’incubateurs internes est très populaire mais beaucoup sont des échecs. La réussite d’un accélérateur dépend d’une part, d’une véritable stratégie industrielle en lien avec le groupe et d’autre part, d’une attention particulière à l’animation des start-up au quotidien, pas seulement pour l’inauguration…
Conscient de cet écueil, je travaille très en amont à une nouvelle promotion de start-up qui sera intégrée dans 18 mois. Nous avons d’ores et déjà choisi trois domaines : la chimie, en particulier des surfaces puisque c’est notre métier, puis tout ce qui donne de la valeur à nos produits (par exemple des drones capables de surveiller le décapage de la surface), et les innovations digitales qui améliorent la gestion et les fonctions supports de Socomore. Dans l’accueil des start-up, je veux aller encore plus loin et leur mettre à disposition des espaces de production. Il y aura une option « manufacturing » dans l’hébergement.
- Entre PME et start-up, la relation est-elle déséquilibrée ?
La réalité, c’est que j’ai davantage besoin des start-up qu’elles n’ont besoin de moi. D’abord parce que les start-uppers sont devenus exigeants et ils ont accès à de plus en plus d’offres d’hébergement et de collaboration. En quelques années, j’ai vu la concurrence grandir très vite. Ensuite, comme pour toutes les entreprises, il est vital que Socomore se donne les moyens d’innover. C’est un challenge social, matériel et culturel permanent pour nous. Et notre team de start-uppers, c’est du vrai collagène à entreprise !
- Que diriez-vous à un patron qui hésite à lancer une collaboration avec des start-up ?
L’un des défis que partagent les PME et les ETI, c’est la quête de cette ressource rare que sont les talents. Or, une partie des talents est désormais attirée par le monde des start-up. Il nous est vital de réussir à les attirer à nous et de les faire participer à notre projet d’une manière ou d’une autre. Le taux de succès des start-up reste marginal et si vous avez bien fait votre travail, avec un peu de chance, vous arriverez à intégrer dans votre entreprise des ex-start-uppers qui ont de l’énergie à revendre.
Frédéric Lescure CEO de Socomore