Le financement de la croissance
Du carburant dans le moteur
« Faites-moi de bonne politique et je vous ferai de bonnes finances »
Baron Louis, homme politique et diplomate français (1755– 1837)
« Si l’on n’investit pas sur le long terme, il n’y a pas de court terme. »
Georges David, industriel américain (1942-…)
C’est le nerf de la guerre. Vous le savez mais quelle plaie d’aller expliquer vos besoins à vos financiers… et quel stress lorsque l’on attend la réponse du comité de crédit ou du comité d’investissement ! Et si l’on renversait la perspective ?
Une entreprise de croissance se doit d’être proactive dans sa politique de financement. Passer du temps à clarifier ses besoins, à évaluer ses marges d’erreur et besoins de sécurité, à dialoguer avec ses financeurs pour gagner leur confiance, c’est gagner du temps dans la mise en œuvre de votre stratégie de croissance, optimiser le coût du financement et vous offrir le luxe de penser à moyen et long terme.
Pour doubler de taille, professionnalisez votre fonction financière et embarquez vos financeurs dans votre aventure de croissance.
Les PME et ETI qui « surperforment » en termes de croissance présentent des besoins de financement spécifiques. L’Observatoire du financement des entreprises27 constate qu’elles ouvrent plus fréquemment leur capital et que le financement par la dette de l’investissement et des besoins de fonds de roulement ressort comme un facteur de croissance.
Le capital investissement accompagne la croissance des entreprises. De 2009 à 2016, la croissance des entreprises accompagnées par un fonds de capital investissement français est supérieure à celles du PIB nominal des pays de l’OCDE (+40,4% vs + 28,4%), et du PIB nominal français (+40,4% vs + 15,0%) selon l’étude AFIC-EY de 2016.
L’endettement des entreprises françaises ne cesse d’augmenter depuis 10 ans (Banque de France, 2017)27 : d’environ 100% en juin 2007, le taux d’endettement des sociétés non financières françaises est passé à 129,6% en juin 2017. Dans le même temps, les entreprises allemandes se désendettaient : de plus de 100% en juin 2007, leur taux d’endettement est passé à 89,7%.
Le financement de marché est encore sous développé. 5 milliards d’euros ont pu être levés en 2015 dont 3,7 milliards d’euros sous la forme de fonds propres (pour 171 entreprises) et 1,8 milliard d’euros sous forme de placement privé (pour 44 sociétés). En revanche, la France compte seulement 525 entreprises cotées28.
1. Gouverner, c’est prévoir : vous devez avoir une vision claire de vos besoins de financement. Un plan de financement se fonde sur une analyse précise de vos flux de trésorerie. Surveillez aussi le besoin en fonds de roulement (BFR) qui peut exploser en période de croissance sans mise sous contrôle appropriée.
2. Surveillez votre notation de crédit : faite par la Banque de France, votre banque, votre assureur crédit ou une agence de notation, elle ne reflète certes que vos performances historiques, et ne dit rien de votre potentiel futur, mais une dégradation de votre note peut nuire à votre image, voire entraîner des conséquences négatives (augmentation du coût du financement voire retrait de certains banquiers) et aggraver les difficultés.
3. Une entreprise de croissance doit se ménager de la flexibilité financière pour financer le BFR, saisir les opportunités, pour ne pas être dépendante des cycles économiques, pour passer outre les aléas intrinsèques à la prise de risque. Pensez vos solutions financières sous forme de bouquet et réservez-vous des marges de manœuvre.
4. Considérez vos financiers comme des partenaires et soignez votre communication financière : certes vous n’avez pas les mêmes intérêts, certes ils ne connaîtront jamais votre business aussi bien que vous, mais embarquez-les dans votre histoire, jouez la transparence et le long terme avec eux ; mieux informés, associés en amont, ils vous le rendront au centuple : quand ils seront là malgré les difficultés, quand leur confiance accrue leur permettra de financer votre prise de risque, quand leur réactivité vous permettra de saisir les opportunités.
5. Considérez l’ouverture de capital comme un accélérateur : à condition de bien choisir votre partenaire, et d’en faire un sparring partner, l’ouverture de capital vous apportera solidité et flexibilité financière, partage de risque, apport d’expertise voire soutien opérationnel, et in fine accélérera la croissance et la création de valeur. Si vous craignez la perte de contrôle, ne jetez pas l’éponge immédiatement, des solutions existent.
26 Observatoire du financement des entreprises, Rapport sur le financement des PME et ETI en croissance, octobre 2015.
27 Banque de France, Stat Info, « Taux d’endettement des agents non financiers », Comparaisons internationales 2ème trimestre 2017, 14 novembre 2017.
28 Observatoire du financement des entreprises par le marché, rapport annuel 2015.